PARIS (Reuters) – La Commission européenne a, pour une fois, trouvé grâce mercredi aux yeux d’Arnaud Montebourg, qui a salué ses propositions pour enrayer la désindustrialisation du Vieux Continent après des années de laisser-faire qui l’ont selon lui laminé.
Le ministre du Redressement productif s’exprimait après avoir rencontré à Paris le commissaire européen à l’Industrie, Antonio Tajani, qui a présenté mardi un plan d’action pour sauver l’acier européen menacé par la concurrence mondiale.
« Il y a une prise de conscience », a dit Arnaud Montebourg lors d’une conférence de presse conjointe. « Nous voyons que la politique industrielle existe en Europe. »
Le « troisième homme » de la primaire socialiste pour l’élection présidentielle de 2012, a estimé qu’il restait beaucoup de travail à faire pour corriger une construction européenne qui a selon lui laissé son industrie face à une concurrence déloyale sans réagir.
« Les seuls qui ont les frontières à 100% ouvertes, ce sont les Européens, les naïfs du village mondial », a dit Arnaud Montebourg, très critique envers une Commission européenne qui a empêché la création de champions industriels au nom d’une notion « obsolète » de la concurrence qui privilégie le consommateur.
« Le moment est venu de protéger nos intérêts industriels », a-t-il ajouté en demandant que l’UE suive l’exemple américain lorsqu’il s’agit de lutter contre la concurrence inégale.
« Les Américains sanctionnent d’abord et discutent ensuite », alors que la procédure européenne, très longue, oblige la Commission à débattre avant, éventuellement, de sanctionner.
Les récentes initiatives de l’exécutif européen montrent toutefois que le temps de la naïveté pourrait être révolu, s’est-il réjoui aux côtés d’Antonio Tajani.
Ce dernier a récemment présenté une série de propositions qui visent à faire passer le poids de l’industrie dans le PIB européen de 15% actuellement à 20% en 2020.
RÉVISION DE LA POLITIQUE DE CONCURRENCE
Cela passe notamment par le plan d’action présenté mardi pour le secteur de l’acier, le premier depuis 1977.
Dans tous les domaines, la Commission affiche en outre une détermination nouvelle à utiliser les outils dont elle dispose, comme les droits antidumping, pour lutter contre la concurrence déloyale, notamment en provenance de Chine.
« On est en train de travailler pour défendre la compétitivité de nos entreprises », a dit Antonio Tajani. « Il y a des mesures protectionnistes dans certains pays du monde qui empêchent une concurrence loyale. »
L’exécutif européen l’a illustré début juin en imposant des droits antidumping contre les panneaux solaires chinois, même si l’Allemagne et le Royaume-Uni y étaient opposés, après l’avoir fait pour les céramiques ou les équipements de télécommunication.
La Commission étudie également la possibilité de porter plainte contre les droits de douane chinois sur les importations de tubes en acier inoxydable, a-t-il confirmé.
Plusieurs sources européennes avaient indiqué mardi que l’Union européenne envisageait de porter le dossier devant l’Organisation mondiale du commerce.
« On y travaille », a dit Antonio Tajani à Reuters. « Nous en sommes au début », a-t-il ajouté, promettant des annonces « dans les jours qui viennent. »
Antonio Tajani a rappelé qu’une révision de la politique européenne de concurrence était à l’étude, de même que l’introduction de plus de souplesse pour permettre aux Etats membres d’accorder des aides aux entreprises innovantes sans se faire condamner par la Commission.
Pour Arnaud Montebourg, il faut aller plus loin.
Les pays qui produisent des biens à bas prix grâce à des normes environnementales plus laxistes que celles existant en Europe doivent être frappés d’une « taxe carbone ».
Yves Clarisse, édité par Gilles Trequesser
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