Le grand linguiste Sylvain Chazot – vous ne le connaissez pas ? – introduit son article sur « Le Lab » d’Europe 1 par une définition du dernier mot qui fait peur : fournée.
DOIT PAS ÊTRE CONTENTE
Ce grand lecteur du Larousse est hélas un peu paresseux. Il se contente de la définition la plus terre à terre et feint ignorer son sens figuré, pourtant défini clairement par son précieux Larousse, quelques lignes plus bas : « Ensemble de personnes appelées aux mêmes fonctions, aux mêmes dignités ». Trop subtil pour son lectorat, sans doute. On retiendra la cuisson au four.
Dans les lignes qui suivent, le scrupuleux Chazot rappelle les propos criminels. L’accusé se nomme Jean-Marie Le Pen. Comme on le rappelle plus loin dans l’article, c’est un multirécidiviste. Son dernier crime ? Citer une liste de saltimbanques engagés ayant juré, bien décidés à combattre le peuple de France pour retrouver un climat politique sain – où chaque citoyen aurait le bon goût de voter selon leurs désirs – ayant juré, donc, de sanctionner le peuple de France en s’exilant loin de ses terres nauséabondes, privant ainsi tragiquement la France de leur vitale présence (mais pas tout de suite).
Le Pen, dans un élan de violence inouï, piaffant d’un rire sardonique, se proposait alors, à l’évocation du dernier chef d’escadrille Patrick Bruel, d’en faire « une fournée la prochaine fois ».
Nous sommes ici devant un cas d’école de tentative de crime contre l’Humanité avec préméditation. Le procureur Chazot le démontre magistralement : Jean-Marie Le Pen nourrit explicitement l’abominable dessein de faire rôtir la fine fleur du showbiz français.
Les rédactions commencent à s’indigner. On exige de fermes condamnations. Au Front National, le vice-président Louis Aliot s’incline. Le site du parti retire l’abominable vidéo. L’affaire est grave.
Bon prince, Monsieur Chazot ne rappelle pas le précédent « Durafour crématoire » que tout Français garde en mémoire, surexploité qu’il fut par le journalisme du néant depuis 25 ans, mais dont personne ne rappelle jamais que le calembour assassin venait en réponse à l’appel pacifiste du ministre Durafour à « exterminer le Front National ».
Comme toujours, les ficelles sont grosses, si énormes même qu’elles ne menacent toujours pas de rompre après trente ans d’un usage intensif. Comme au premier jour, elles agitent l’épouvantail à nigauds et il est bien décrété que, en dépit de sa bonhomie acquise avec l’âge, et de son physique de sémillant grand-père, Jean-Marie Le Pen devra éternellement faire peur aux petits enfants de la République.
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