Les phobies passent de génération en génération

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Il fut une époque où un certain Lamarck (un Français) expliquait que le cou des girafes était le résultat d'expression transgénérationnelle : comme la girafe parente avait passé son temps à étendre son cou pour manger les hautes feuilles, sa progéniture avait eu de facto un cou un peu plus long que sa mère (ou son père). Darwin est arrivé ensuite et on a jeté cette idée lamarckienne à la poubelle : les girafes qui avaient des cous plus longs avaient mieux survécu que les girafes au cou plus court ; CQFD.


Vraiment ? Comme un pied de nez aux buveurs de thé de la Perfide Albion, voilà l'effet transgénérationnel qui revient par la petite porte. Cela ne veut pas dire pour autant que Lamarck avait complètement raison, mais qu'il n'avait pas complètement tort non plus ! (et inversement pour Darwin) La Science montante (et perturbante) derrière cela se nomme l'épigénétique. 

Cette actualité scientifique va en effet bien au-delà de ce qu'elle annonce. Il n'est en réalité pas uniquement question des peurs, mais bien d'éléments insoupçonnés de l'expérience d'un individu qui vont ensuite passer de génération en génération, pour le meilleur, comme pour le pire. 

En tout cas, jusqu'à aujourd'hui, peu d'entre nous auraient pu affirmer que l'expérience et le comportement de quelqu'un ne concernent pas que lui, mais sa descendance aussi. Les scientifiques, eux, s'en doutaient par contre. Des informations peuvent être ainsi directement codées dans l'ADN au cours d'une vie. Ce sont des chercheurs américains d'une université à Atlanta qui ont découvert que des souris vont faire passer aux générations suivantes des informations concernant des expériences traumatiques ou stressantes. Dans le cas de l'expérience, il s'agissait d'une odeur (association provoquée par les chercheurs d'une odeur avec des chocs électriques). 

On comprend un peu mieux maintenant pourquoi nous avons presque tous instinctivement peur des araignées (et les femmes, des souris ?). On peut donc transmettre des tas de susceptibilités et conduire les générations suivantes à certaines anxiétés aussi. Le processus faisait en sorte que l'ADN possédait des modifications chimiques que l'on nomme « méthylation épigénétique (de l'ADN) » (ici, avec les souris, sur le gène qui sert à détecter l'odeur). On va pousser plus loin les recherches pour comprendre comment tout se met en place au niveau de l'ADN. 

Il serait temps que les chercheurs qui travaillent sur la santé publique tiennent compte des réactions transgénérationnelles. Il est fort possible que des maladies comme les problèmes neuropsychiatriques, l'obésité ou le diabète soient aussi l'expression de phénomènes transgénérationnels. Il faut cependant ne pas trop vite extrapoler aux humains non plus.
LA TOILE  

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