LA FAUSSE AGRESSION DE FEMME VOILÉE.

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Il était une fois, dans la très religieuse ville d’Argenteuil, une jeune femme enceinte qui vit surgir devant elle le fascisme au crâne rasé. Comme le Petit Chaperon rouge traqué par le loup, deux monstrueux skinheads s’en prirent à son voile, qu’ils arrachèrent avant de la rouer de coups et de lui couper une mèche de cheveux, sans doute pour égayer leurs crânes en peau de fesse. Des coups de pied au ventre, bien sûr, la malheureuse leur ayant dit qu’elle était enceinte. Leur forfait accompli, les deux SS repartirent d’un pas tranquille au milieu de la chaussée, comme ils étaient venus.
Voilà pour la version donnée par le grand frère de lait du beau-frère des voisins du cousin de la victime qui, depuis la fenêtre de la cuisine de son HLM, n’a évidemment rien vu mais tout compris : tel le monstre du Gévaudan, la bête immonde – celle-là même qui a terrassé dans le quartier de Saint-Lazare le malheureux Clément Méric -, court aujourd’hui la banlieue. Simple : elle n’a eu qu’à monter dans le train d’Argenteuil, il en part un toutes les sept minutes du quai B ou du quai E. Les fachos sont à l’œuvre (les médias nous le serinent depuis huit jours) et leur passe-temps favori est la ratonnade.
Le temps de remettre la jeune femme sur pied et sous ses voiles, les troupes sont descendues dans la rue le lendemain de l’agression pour dénoncer un« climat d’islamophobie », le président de la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI), monsieur Abdelaziz Chaambi, accusant les politiques de regarder ailleurs pendant que « les agressions islamophobes se succèdent ». Il faut dire qu’il y a des priorités fixées par le ministère de l’Intérieur : 1) les agressions antisémites, 2) les agressions homophobes, 3) les autres s’il reste du temps et du personnel. Bref, le maire s’est fait huer, assaillir de projectiles divers. Il a quand même eu le temps de compter : « 500 personnes, dont plus de la moitié n’étaient pas d’Argenteuil », mais des gens venus des banlieues environnantes et même de Lyon, barbus et femmes voilées.
Après qu’on se fût étonné de son manque d’empressement, la jeune femme a porté plainte vendredi au commissariat d’Argenteuil. Les policiers qui ont entendu ce qu’elle avait à dire ont relevé « d’importantes divergences » avec les propos de son mari, ses frères et les frères du cousin de la voisine qui, que, etc.

En fait, la jeune femme téléphonait à sa mère. Elle a pensé et pense encore que les deux loubards qui se sont approchés voulaient lui voler son smartphone. Et non, il n’y a pas eu de propos racistes. Et oui, ils avaient le crâne rasé mais l’un l’avait agrémenté d’une crête rouge. Et non, ils ne lui ont pas arraché son voile mais juste déchiré et elle a reçu un coup à la hanche dans la bousculade. Et non, ils ne lui ont pas coupé les cheveux, mais tiré sans doute suffisamment fort pour qu’elle en ramasse quelques-uns avec son bout de tissu.
Une agression est toujours traumatisante, mais rappelons que le Val-d’Oise est l’un des départements où se commettent le plus de vols à l’arraché, et rarement par des skinheads d’extrême droite.
En mars dernier, rapportant le bidonnage du jour – alors celui d’une pseudo-mère porteuse de 24 ans qui racontait partout comment elle avait prêté son gros ventre adipeux à des parents en mal d’enfant –, nous nous demandions : et après, quoi ? Quel sera le prochain terrain de jeu dans la surenchère victimaire ? Eh bien le voilà : après les fausses victimes de crimes antisémites, les fausses victimes de crimes homophobes et la fausse mère porteuse, c’est la femme voilée victime du retour des nazis.
Notre conclusion n’a pas changé non plus : le plus grave, dans cette histoire, c’est une fois encore l’emballement des médias disposés à promouvoir n’importe quelle salade dès lors qu’elle peut alimenter la machine à fantasmes.

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