Lex usa. La CIA espionnait à sa guise des banquiers à Genève. Ces faits portent un nouveau coup à la loi urgente censée régler le conflit fiscal.
Bertrand fischer
L’histoire est digne d’un roman d’espionnage. Elle est pourtant réelle. Dès 2007, la CIA a espionné des banques à Genève sous couverture diplomatique, sans être inquiétée le moins du monde. Les révélations d’Edward Snowden, l’homme qui est à l’origine des fuites sur le programme américain de surveillance des communications, tombent au plus mal pour le Conseil fédéral. Déjà mal perçue devant le parlement, son projet de loi pour aider les banques à régler leur différend fiscal avec Washington, encaisse un nouveau coup qui pourrait lui être fatal.
Réfugié à Hong Kong, Edward Snowden, 29 ans, a tout déballé dans une interview accordée dimanche au quotidien britannique The Guardian. Son histoire passe par Genève. Ce sont même les pratiques dont il a été témoin dans la cité de Calvin qui l’ont incité à se mettre à table.
Employé d’un sous-traitant de l’Agence de sécurité nationale (NSA), Snowden a aussi travaillé pour la CIA. L’agence américaine de renseignements l’engage comme technicien au début des années 2000. Très habile pour explorer les ressources d’internet et des programmes informatiques, il prend du galon. En 2007, on l’envoie en poste à Genève sous une couverture diplomatique.
Il a alors accès à des documents hautement confidentiels. Au « Guardian », la taupe détaille l’incident qui l’a dégoûtée du métier.Pour obtenir des données bancaires secrètes, un agent de la CIA parvient à recruter un banquier suisse, qu’il piège en le soûlant et en l’amenant à conduire en état d’ivresse. « Une bonne partie de ce que j’ai vu à Genève m’a enlevé mes illusions sur le fonctionnement de mon gouvernement et son impact dans le monde », a affirmé Edward Snowden au Guardian. Il tournera le dos à la CIA en 2009.
Ancien procureur tessinois, Dick Marty est l’auteur d’un rapport sur les prisons secrètes de la CIA en Europe. Interrogé par la RTS, il ne se dit guère surpris par les révélations du jeune homme. « La CIA se comporte partout comme si elle était chez elle. » En Suisse aussi, son antenne dispose d’une « logistique extrêmement importante ». Citant l’affaire Tinner, le Tessinois trouve gravissime que la Confédération habitue la CIA à pouvoir violer les lois suisses à sa guise. Que font les services secrets helvétiques ? « Ils sont dans un rapport de claire subordination face à l’agence américaine, avec laquelle ils partagent des informations. » Lire la suite sur le site de l’Agefi suisse.
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