« Je suis très fier de faire partie d’une Knesset qui a choisi de placer les valeurs devant les intérêts et les plaisirs futiles ». Ces propos du député israélien Dov Lipman font suite à l’adoption en première lecture d’une loi visant à interdire « l’importation et la vente de foies d’animaux ayant subi la torture ». Après la Californie, Israël s’engage donc dans la prohibition du foie gras.
Deux semaines auparavant, en France cette fois, une mission du Sénat représentée par la sénatrice centriste Sylvie Goy-Chavent remettait ses travaux sur la « traçabilité de la filière viande ». Parmi les mesures proposées, un « étiquetage obligatoire du mode d’abattage selon des modalités non stigmatisantes ». Un compromis visant, d’une part, à ne (surtout) pas remettre en question les dérogations tolérant l’abattage des animaux sans étourdissement (ce contre quoi lutte – bien seule – madame Goy-Chavent), et d’autre part à informer les consommateurs non musulmans et non juifs sur ce qu’ils achètent.
Car le problème que soulève Sylvie Goy-Chavent est là : en France, comme l’avait déjà dénoncé Marine Le Pen durant la campagne présidentielle, une part importante 1 de la viande issue d’abattages rituels – halal ou casher – est reversée de manière parfaitement opaque dans le circuit de distribution traditionnel. Autrement dit, un grand nombre de Français non concernés par ces pratiques religieuses encourage, sans le savoir et bien souvent sans le vouloir, l’abattage par égorgement sans étourdissement préalable.
Les auditions au Sénat ont donné lieu à une confrontation houleuse entre la sénatrice et le président du Consistoire central israélite Joël Mergui, qui voit dans l’affichage clair du mode d’abattage un moyen, à terme, de remettre en question l’abattage rituel. D’un côté, la question de la souffrance des animaux, de l’autre les traditions religieuses. Un dialogue de sourds aux répercussions fâcheuses pour Sylvie Goy-Chavent qui s’attire aujourd’hui l’hostilité, voire la haine, d’une partie de la communauté juive. Aux faciles accusations d’antisémitisme, aux pressions sur son parti pour obtenir son éviction s’ajoutent même des menaces de mort plus ou moins déguisées sur Internet. Une manière, sans doute, d’encourager les parlementaires français à « placer les valeurs devant les intérêts et plaisirs futiles ».
Le débat sur la souffrance animale n’a quant à lui pas lieu d’être : l’égorgement sans étourdissement est, nous dit-on, parfaitement indolore…
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